mardi 18 décembre 2012

Crédit immobilier : la fin des haricots est pour demain

A lecture de cet article du Figaro sur les taux de crédit immobilier, je reste perplexe.  Il serait donc possible d’obtenir à Strasbourg un taux de 2.40% sur 15 ans. Au prix du refinancement de nos établissements bancaires qui n’ont plus les faveurs du marché, un tel taux plancher est véritablement une aubaine. Info ou intox ?
Je m’attarde volontiers sur ce sujet, car voilà des mois que les taux n’en finissent plus de chuter. A la lecture des nombreux communiqués de presse de nos courtiers, il serait plus que temps de se jeter tête baissée dans l’achat d’un bien. Pourtant, les échos qui me reviennent de candidats à l’accession à la propriété sont bien différents. Il convient donc de poser une analyse un peu critique sur de telles informations.
Tout d’abord,  l’information provient d’Alsace, région déjà bien connue pour avoir des taux parmi les plus bas du marché. L’explication en est simple, le taux de contentieux sur les crédits immobiliers fait parti des plus bas d’Europe. En second plan il convient de regarder le profil de l’emprunteur. Il est fort à parier que celui-ci est jeune, en couple, avec de forts revenus et en bonne santé. Tertio, la qualité du dossier : gageons qu’il dispose d’un apport important ou d’une épargne qui l’est tout autant.
Maintenant, examinons les organismes préteurs. C’est un secret de polichinelle, le marché s’est effondré, les banques sont à -30, voir -50% sur l’octroi de prêts immobiliers en valeur. Mon banquier personnel va plus loin et revendique un -60% contre une boite de macaron. L’information est officieuse et mérite une petite corruption gastronomique.
Toute banque qui se respecte a néanmoins besoin de prêter de l’argent pour en gagner. Il est donc normal de voir la marge de ces organismes baisser dans un marché tendu. Néanmoins, de source officieuse, une grande partie des acheteurs sont passés de la catégorie « client vache à lait » à la catégorie « non grata » pour insuffisance de revenus ou d’épargne, ou d’un risque potentiel de licenciement du fait de leur employeur. On ne prête qu’aux riches, c’est bien connu.
Donc, si votre banquier vous propose un taux pareil, foncez. 2.40%, cela ne se refuse pas. Vérifiez bien qu’il s’agit d’un taux fixe, car nombre d’acheteur ont eu au cours des dernières années de sacrées surprises. Un procès retentissant contre l’un de nos principales banques a été étouffé de peu l’année dernière. N’oubliez par de vérifier le prix d’achat de votre bien, il serait dommage de compenser une baisse de taux par un prix surévalué. Si vous avez acheté votre bien depuis moins de deux ans, vous pouvez aussi profiter d’une telle foire au crédit pour renégocier le votre.
Quoiqu’il en soit, l’opportunité est belle, et, ne sait-on jamais, sur un malentendu,  vous pourriez faire l’affaire de votre vie. N’oubliez pas la boite de macaron, c’est une arme de négociation redoutable. Votre banquier saura l’apprécier, lui, qui est dévoré par la pression que lui met sa hiérarchie pour essayer de fourguer des téléphones mobiles afin de compenser les pertes sur son métier historique. Soyons certains que le conseil, le service, le crédit et l’épargne qui sont les maîtres mots de son cœur de métier finiront bientôt sur l’hôtel des multiples courtiers et comparateurs qui détruisent peu à peu le lien de confiance qui nous reliait à lui au profit du one shot financier.
En tout vas une chose est sûre, à 2.40% nos banques on des soucis à se faire, à moins qu'un de leurs analystes ne leur ait prédit la fin du monde pour ce vendredi 21 Décembre 2012...

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