A lecture de cet article du Figaro sur les taux de crédit
immobilier, je reste perplexe. Il serait
donc possible d’obtenir à Strasbourg un taux de 2.40% sur 15 ans. Au prix du
refinancement de nos établissements bancaires qui n’ont plus les faveurs du
marché, un tel taux plancher est véritablement une aubaine. Info ou intox ?
Je m’attarde volontiers sur ce sujet, car voilà des mois que
les taux n’en finissent plus de chuter. A la lecture des nombreux communiqués
de presse de nos courtiers, il serait plus que temps de se jeter tête baissée
dans l’achat d’un bien. Pourtant, les échos qui me reviennent de candidats à l’accession
à la propriété sont bien différents. Il convient donc de poser une analyse un
peu critique sur de telles informations.
Tout d’abord, l’information
provient d’Alsace, région déjà bien connue pour avoir des taux parmi les plus
bas du marché. L’explication en est simple, le taux de contentieux sur les crédits
immobiliers fait parti des plus bas d’Europe. En second plan il convient de
regarder le profil de l’emprunteur. Il est fort à parier que celui-ci est
jeune, en couple, avec de forts revenus et en bonne santé. Tertio, la qualité
du dossier : gageons qu’il dispose d’un apport important ou d’une épargne
qui l’est tout autant.
Maintenant, examinons les organismes préteurs. C’est un
secret de polichinelle, le marché s’est effondré, les banques sont à -30, voir
-50% sur l’octroi de prêts immobiliers en valeur. Mon banquier personnel va
plus loin et revendique un -60% contre une boite de macaron. L’information est
officieuse et mérite une petite corruption gastronomique.
Toute banque qui se respecte a néanmoins besoin de prêter de
l’argent pour en gagner. Il est donc normal de voir la marge de ces organismes
baisser dans un marché tendu. Néanmoins, de source officieuse, une grande
partie des acheteurs sont passés de la catégorie « client vache à lait »
à la catégorie « non grata » pour insuffisance de revenus ou d’épargne,
ou d’un risque potentiel de licenciement du fait de leur employeur. On ne prête
qu’aux riches, c’est bien connu.
Donc, si votre banquier vous propose un taux pareil, foncez.
2.40%, cela ne se refuse pas. Vérifiez bien qu’il s’agit d’un taux fixe, car
nombre d’acheteur ont eu au cours des dernières années de sacrées surprises. Un
procès retentissant contre l’un de nos principales banques a été étouffé de peu
l’année dernière. N’oubliez par de vérifier le prix d’achat de votre bien, il
serait dommage de compenser une baisse de taux par un prix surévalué. Si vous
avez acheté votre bien depuis moins de deux ans, vous pouvez aussi profiter d’une
telle foire au crédit pour renégocier le votre.
Quoiqu’il en soit, l’opportunité est belle, et, ne sait-on
jamais, sur un malentendu, vous pourriez
faire l’affaire de votre vie. N’oubliez pas la boite de macaron, c’est une arme
de négociation redoutable. Votre banquier saura l’apprécier, lui, qui est
dévoré par la pression que lui met sa hiérarchie pour essayer de fourguer des
téléphones mobiles afin de compenser les pertes sur son métier historique.
Soyons certains que le conseil, le service, le crédit et l’épargne qui sont les
maîtres mots de son cœur de métier finiront bientôt sur l’hôtel des multiples courtiers
et comparateurs qui détruisent peu à peu le lien de confiance qui nous reliait
à lui au profit du one shot financier.
En tout vas une chose est sûre, à 2.40% nos banques on des
soucis à se faire, à moins qu'un de leurs analystes ne leur ait prédit la fin du monde pour ce vendredi 21 Décembre 2012...
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